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- 3) Relaxation de la CMLV
3.1 Mécanisme
de la baisse de Ca2+
- La baisse de Ca2+ a lieu, soit par expulsion du calcium
intracellulaire à lextérieur de la cellule,
soit par recaptage du calcium intracellulaire dans le réticulum
sarco-endoplasmique principalement via des ATPases dépendantes
du Ca2+ : les SERCAs. Lexpulsion du Ca2+ à
lextérieur de la cellule se fait par les mêmes
mécanismes que ceux qui se trouvent impliqués dans
le contrôle du taux basal de Ca2+ dans la CMLV
(Fig. 1).
3.1.1 Activation des SERCAs
3.1.1.1 Les SERCAs
- Les SERCAs sont codés par une famille de trois gènes
SERCA 1, 2 et 3 donnant naissance après épissage alternatif
à cinq isoformes régulées différemment
selon les tissus et le stade du développement. Le gène
SERCA 1 code deux isoformes exprimées différemment
selon lâge : la forme SERCA 1a est exprimée dans
les fibres musculaires rapides chez ladulte (Brandl et al.,
1987) alors que la forme SERCA 1b est quant à elle exprimée
chez le nouveau-né (Brandl et al., 1986 ; Brandl et al.,
1987). Le gène SERCA 2 code lui aussi pour deux transcrits
codés par épissage alternatif, et exprimés
de façon spécifique en fonction du tissu. La forme
SERCA 2a est exprimée fortement dans le cur, dans certaines
CML et notamment celles de laorte (MacLennann et al., 1985
; Zarain-Herzberb et al., 1990). La forme SERCA 2b est beaucoup
plus ubiquiste et est considérée comme un gène
domestique (housekepping gene) (De la Bastie et al., 1988 ; Lytton
et al., 1988 ; Lytton et al., 1989). La forme SERCA 3 est exprimée
quant à elle dans des types cellulaires particuliers comme
les cellules endothéliales, certaines cellules épithéliales
et les plaquettes (Burck et al., 1989). Toutes les SERCAs partagent
les mêmes propriétés générales
: elles transportent deux ions Ca2+ par ATP hydrolysé.
Les SERCA 2a et 2b sont exprimées dans les CMLV, cette isoforme,
ainsi que la forme SERCA 1, est inhibée quand elle est liée
à une protéine : le phospholambane (PLB).
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Figure 7
: Mécanismes de la
baisse de Ca2+ dans les CMLV. La
phosphorylation du phosholambane (PLB) va lever linhibition
du PLB sur les SERCAs. La phosphorylation est le fruit de
laction de protéines kinases (PK) dépendantes
des nucléotides. Les PK vont également activer
les canaux potassiques calcium dépendants (KCa), les
canaux calciques voltage dépendants (CCVD), et la Ca2+
ATPase de la membrane plasmique. |
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3.1.1.2 Le phospholambane
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- Le phospholambane (PLB) est une protéine de 52 acides aminés
qui est associée aux SERCAs à létat déphosphorylé
(James et al., 1989). Cette protéine peut être phosphorylée
par différentes protéines kinases (PKA, PKC, PKG et
Ca2+/Calmoduline kinase II : CaMK II). Dans son état
déphosphorylé, elle a une forte affinité pour
les SERCAs et sa liaison va provoquer une baisse de lentrée
de calcium dans le réticulum. Une fois phosphorylée
elle va perdre son affinité avec les SERCAs et le transport
du calcium va être accéléré (MacLennan
et al., 1985).
3.1.1.3 Protéines Kinases (PKA et PKG)
-
- La phosphorylation du phospholambane est un facteur important
de la vasorelaxation. Beaucoup de vasorelaxants utilisent cette
voie de phosphorylation après augmentation de lAMPc
ou du GMPc intracellulaire. Des études suggèrent que
le GMPc est plus efficace pour faire baisser le calcium intracellulaire
que lAMPc au niveau des CML, ce qui peut être expliqué
par une plus forte abondance des PKG dans ce type cellulaire, mais
aussi par le fait que la PKG va avoir dautres cibles que le
PLB. Le taux dAMPc de la CML peut être augmenté
par activation dune adénylyl cyclase (AC) ou par inhibition
de lactivité dune phosphodiesterase (PDE) ou
les deux. Le GMPc est lui produit par action dune guanylate
cyclase (GC) soluble et va également être dégradé
par les PDEs. Lactivation de la GC est due à une hausse
de monoxyde dazote (NO) dans la cellule, qui peut être
dorigine intra- ou extra-cellulaire.
Il existe deux types de PKA (type I et II) dont les quantités
varient selon le tissu et lespèce (Corbin et al., 1975).
De même, il existe deux types de PKG qui diffèrent
dans leur domaine régulateur (Tseng et al., 1997). Ces deux
PK sont des sérine/thréonine kinases. Outre leur effet
sur le PLB, les PK nucléotides dépendantes peuvent
phosphoryler dans la CMLV le récepteur à lIP3,
les pompes calciques transmembranaires et la MLCK (Casnellie et
al., 1980 ; Wu et al., 1998).
3.1.2 Autres mécanismes impliqués
dans la baisse de Ca2+
-
- La baisse de Ca2+ peut être due également
à une augmentation de lefflux de Ca2+ par
stimulation des Ca2+ -ATPase de la membrane plasmatique
(Popescu et al., 1985 ; Furukawa et al., 1988) ou de léchangeur
Na+/Ca2+ (Furukawa et al., 1991). La phosphorylation
du R-IP3 par la PKG diminue la libération de Ca2+
du réticulum (Kuga et al., 1990 ; Komalavilas et Lincoln.,
1994), et la production dIP3 pourrait être inhibée
(Hirata et al., 1990). La phosphorylation par la PKG diminue le
relargage du Ca2+. Un autre mécanisme serait une
hyperpolarisation provoquée par lactivation des canaux
KCa par la PKG (Komori et Suzuki., 1987). Cette hyperpolarisation
inhibe lentrée des ions calcium via les canaux calciques
voltage dépendants. Enfin, linhibition de lentrée
de Ca2+ extracellulaire (Lorenz et al., 1994) peut survenir
par déphosphorylation des CCVDs par une protéine phosphatase
A2, elle-même activée par une phosphorylation (McDonald
et al., 1994). Tous ces mécanismes sont directement activés
par phosphorylation par la PKA ou la PKG (Lincoln et al., 2001).
Tous ces mécanismes participent à la baisse de Ca2+
intracellulaire et à la relaxation (Woodrum et al., 2001).
Cependant, de nombreuses études démontrent que laugmentation
des nucléotides cycliques dans la CMLV peut aboutir à
une vasorelaxation sans modification de la concentration de Ca2+
intracellulaire (Woodrum et al., 2001) par des mécanismes
de désensibilisation.
3.2 Régulation
de lappareil contractile
-
- De même que des agonistes constricteurs sensibilisent lappareil
contractile, la désensibilisation est un phénomène
possible. Différents travaux démontrent que la PKG
active la MLCP. La PKG soppose à leffet de la
ROK en phosphorylant la sous-unité de liaison de la myosine
de la MLCP ce qui lactive (Surks et al., 1999 ; Torrecillas
et al., 2000). La phosphorylation directe de Rho par la PKG a également
été évoquée (Sauzeau et al., 2000),
ainsi que la phosphorylation de la télokine qui elle phosphorylerait
ensuite la MLCP. Les PKA et les PKG phosphorylent la MLCK in vitro,
ce qui a pour effet de diminuer laffinité de la MLCK
pour le complexe Ca2+/calmoduline (Fig. 6). Cet effet
semble cependant négligeable in vivo et na pas deffet
sur lactivité de la MLCK. La protéine kinase
II dépendante de la Ca2+/Calmoduline (CaMK II)
peut en revanche phosphoryler la MLCK ce qui réduit son activité
(Tansey et al., 1994). Cet effet pourrait être un rétro
contrôle négatif pour inhiber lactivité
de la MLCK dans le cas de forte hausse de Ca2+ (Pfitzer,
2001).
Lhypothèse actuelle en ce qui concerne la régulation
des filaments fins implique la protéine HSP20 (heat shock
Protein 20 kDa). La HSP20 est impliquée dans la contraction
des CMLV et sa phosphorylation par la PKG induit et est nécessaire
à la relaxation (Brophy et al., 1999 ; Beall et al., 1999).
3.3 Mécanisme de la relaxation
-
- La MLCP (Myosin Light Chain Phosphatase) est très active
dans les CML. Dès que la phosphorylation par la MLCK diminue,
la MLCP va déphosphoryler la myosine. Cette baisse de lactivation
de la MLCK est consécutive à la diminution du Ca2+
intracellulaire. Au niveau des CML, la baisse du taux de Ca2+
intracellulaire ne va pas provoquer immédiatement une relaxation.
La CML a la particularité de rester pendant un certain temps
dans un état contracté après un stimulus, même
après larrêt de celui-ci. Cette particularité
est encore une fois liée aux rôles fonctionnels des
tissus musculaires lisses adaptés à des contractions
musculaires prolongées.
3.3.1 Déphosphorylation
de la myosine par la MLCP
-
- La phosphatase spécifique de la chaîne légère
(Myosin Light Chain Phosphatase ou MLCP) de la myosine va, en aval
de la cascade de transduction, déphosphoryler cette protéine
et ainsi inhiber les interactions myosine-actine. Cette MLCP est
indépendante du Ca2+ pour son fonctionnement.
Ainsi en présence dune faible concentration de Ca2+,
léquilibre est en faveur de la MLCP alors que lors
dune hausse de Ca2+ , cest lactivité
de la MLCK qui prédomine.
3.3.2 Prolongation de la phase
de contraction
-
- Effectivement, la tension musculaire est maintenue même
après la baisse de la concentration de Ca2+ et
de la phosphorylation de la MLC (Barany et Barany, 1996). Deux mécanismes
ont été proposés pour expliquer ce phénomène
(Woodrum et al., 2001) :
Le premier est lhypothèse de létat "
verrouillé " (latch-state) et la formation de latch-brigde
c.a.d la formation de ponts " actine-myosine " alors que
la myosine nest plus phosphorylée (Hai et Murphy, 1988
; 1989).
La deuxième hypothèse est plutôt centrée
sur la modulation des différents filaments du cytosquelette.
Les interactions protéiques entre les différentes
molécules des filaments seraient régulées par
létat conformationnel des protéines constitutives
et des changements conformationnels pourraient aboutir à
la régulation des interactions actine-myosine. La protéine
centrale de cette modulation serait la protéine HSP20.
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