L'action de l'auxine à court terme fait intervenir
une secrétion de protons (ATPases membranaires) qui se traduit
par une acidification de l'espace pariétal. On sait d'autre part
que la plasticité de la paroi et la pression de turgescence sont
les deux éléments régulateurs de la croissance.
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Elongation de segments excisés
d'hypocotyles de soja mesurée par auxanométrie.
Les échantillons sont incubés dans un tampon à
pH 6,4. Au moment indiqué par la flèche, le milieu
est changé par un tampon à pH 4,5 (courbe noire). |
Le pH doit donc modifier directement ou indirectement
la structure pariétale de manière à permettre une
déformation irréversible (plasticité) de celle-ci
à condition que la pression de turgescence (moteur) soit suffisante.
Le schéma ci-dessous représente une image très
simplifiée de l'architecture de la paroi primaire.
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Schéma de l'architecture
pariétale. Seules ont
été représentées les fibrilles de cellulose
et les molécules d'une hémicellulose particulière,
les xyloglucanes qui semblent jouer un rôle de liaison entre
les fibrilles de cellulose (chez les Dicotylédones). Les
cercles représentent les molécules de glucose. Les
proportions ne sont pas respectées. |
Voyons ce qui pourrait se passer si une traction ("in
vivo" : une augmentation de la turgescence) déformait la
paroi sans qu'aucune modification de l'architecture n'intervienne.
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Représentation
schématique d'une séquence traction/relâchement
sur une paroi seulement élastique. |
Ce schéma montre que ce type d'hypothèse
architecturale permet d'expliquer les déformations réversibles
(élastiques) dues aux variations de la pression de turgescence.
Voyons ce qui peut se passer en présence d'un
pH très acide. Celui-ci peut détruire les liaisons H qui
réunissent les molécules de xyloglucanes aux fibrilles
de cellulose.
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Représentation schématique
d'une séquence traction/relâchement sur une paroi
en présence d'un pH susceptible de rompre l'ensemble des
liaisons H entre les fibrilles de cellulose et les xyloglucanes. |
Dans ce cas, les liaisons H rompues, la déformation
produite par la tension serait irréversible mais ne pourrait
s'arrêter (donc être régulée) que si les liaisons
H se reformaient. Ceci impliquerait un retour quasi immédiat
au pH d'origine ce qui est peu probable.
D'autre part, le pH qui agit" in vivo" n'est
pas aussi acide. On observe une nette différence entre la stimulation
de la croissance cellulaire et la stimulation de l'extension pariétale
par les pH acides. L'expérience suivante est réalisée
successivement sur des échantillons vivants (mesure de l'élongation
par auxanométrie) et sur des échantillns morts (fantômes
de paroi, mesure de l'extensibilité par extensométrie).
Dans les deux cas, les échantillons ont été soumis
à une séquence pH7 / pH4,7 / pH3.
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Croissance
d'échantillons vivants (segments excisés d'hypocotyle
de soja) enregistrée par un auxanomètre.
Les résultats sont transformés
(par dérivation) en vitesse d'élongation (micromètre/minute).
Les échantillons sont placés dans un milieu tamponné
à pH7 puis le milieu est changé par un pH 4,7 puis
par un pH3.
Le pH légèrement acide (4,7) produit une accélération
de croissance importante et durable de même amplitude que
de l'auxine. Le pH très acide (3) provoque une stimulation
de croissance forte mais non durable. Après moins d'une
heure la vitesse de croissance devient même négative
ce qui montre l'effet létal de ce pH. |
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Extensibilité
de fantômes de parois (segments excisés d'hypocotyle
de soja tués par le méthanol bouillant) enregistrée
par un extensomètre.
Les résultats sont transformés
(par dérivation) en vitesse d'extension (micromètre/minute).
Les échantillons sont placés dans un milieu tamponné
à pH7 puis le milieu est changé par un pH 4,7 puis
par un pH3.
Le pH légèrement acide (4,7) ne produit aucune stimulation
de l'extensibilité. Seul un pH très acide (3) provoque
une stimulation de l'extensibilité pariétale |
Une simple baisse de pH n'agit donc pas directement
(effet physico-chimique) puisque l'effet d'un pH très acide agit
sur les propriétés de la paroi isolée mais pas
sur l'échantillon vivant. Au contraire, une baisse de pH, dans
un registre physiologique, permet une stimulation importante de la croissance
des échantillons vivants mais n'a pas d'effet simplement physico-chimique
sur les parois isolées.
CONCLUSION
On conclut de cette série d'expériences,
que la régulation de la croissance par la baisse de pH induite
par l'auxine nécessite un processus biologique et pas seulement
physico-chimique.
Deux substances régulatrices sont actuellement
candidates. Elles devraient agir au niveau de l'association xyloglucane/cellulose.
Ce sont :
Pour voir sous forme d'une animation un aperçu
simplifié des différentes hypothèses :
Schéma animé
Les questions à revoir pour
comprendre ce type d'expérience :
Les aspects structuraux sont développés
dans un autre document : la paroi
primaire

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